Canicule : et si on apprenait à « cultiver l’eau » dans nos jardins ?
Publié le 10 juillet, 2025 à 09h09 , mis à jour à 09h11
Les conseils des professionnels du paysage pour garder son jardin vivant, même en période de fortes chaleurs
Paris, le 9 juillet 2025 – Températures record, nuits tropicales, sécheresses précoces… Alors que la France vient de traverser une vague de canicule, l’été 2025 s’annonce comme l’un des plus chauds jamais enregistrés. Les professionnels du paysage lancent un message clair : le végétal est un allié, face à la chaleur, une solution fondée sur la nature pour nous adapter au réchauffement du climat. Et pour bien l’entretenir, nul besoin d’arroser sans compter : il s’agit avant tout d’apprendre à « cultiver l’eau », en s’appuyant sur un triptyque essentiel : sol – eau – végétal.
« L’eau est précieuse, mais il est possible de la faire revenir et de la retenir. En la faisant circuler, stocker ou infiltrer dans les sols grâce aux végétaux, on peut en faire plus… avec moins. C’est ce que nous appelons ‘cultiver l’eau par le végétal. »
Charles Parvais, Entrepreneur du paysage dans les Pyrénées-Orientales, Président de la commission Environnement de l’Unep – les Entreprises du paysage
Le végétal, un levier de rafraîchissement… mais aussi de résilience
Un espace végétalisé peut être jusqu’à 15°C plus frais qu’un espace bétonné. En journée comme la nuit, les plantes jouent un rôle de régulation thermique : elles procurent de l’ombre, conservent l’humidité et transpirent. Un arbre est à la fois un réservoir naturel, capable de stocker plusieurs centaines de litres d’eau, et un climatiseur écologique. Il rafraîchit l’air sans produire de chaleur, sans consommer d’énergie, et offre de nombreux autres bénéfices : amélioration de la qualité de l’air, stockage du CO₂, bienfaits pour la santé, et bien plus encore. Résultat : les végétaux atténuent les îlots de chaleur urbains, ces zones étouffantes où l’air ne circule plus.
Les bienfaits du végétal vont bien au-delà de la fraîcheur. Les plantes filtrent l’eau de pluie, favorisent son infiltration dans les sols, limitent le ruissellement et contribuent à la recharge des nappes phréatiques. Autrement dit, le végétal permet de valoriser l’eau plutôt que de la gaspiller.
Un jardin bien conçu joue également un rôle en matière de biodiversité (insectes, oiseaux, microfaune), de captation du carbone, et d’amélioration du cadre de vie. À l’ombre d’un arbre, la température peut chuter de plusieurs degrés, le stress diminué, et le confort s’en trouver nettement amélioré.
Les bons réflexes pour économiser l’eau… sans sacrifier son jardin
🌿 Planter au bon moment : l’été n’est pas une saison favorable aux plantations. En cas de nécessité, il convient d’arroser abondamment avant de pailler, afin de préserver la fraîcheur du sol.
🌿 Adopter un arrosage raisonné : l’arrosage doit avoir lieu tôt le matin ou en soirée, en évitant les heures chaudes. Pour les arbres, mieux vaut les arroser abondamment une fois par semaine qu’un peu tous les jours. On parle de bassinage. Cela permet à l’eau de pénétrer profondément dans le sol, où les racines sont ancrées. Des dispositifs comme les oyas (pots en terre cuite enterrés dédié à remplir d’eau) ou le goutte-à-goutte permettent d’optimiser l’apport en eau.
🌿 Maintenir ou créer des sols de qualité : un sol vivant et perméable retient mieux l’eau. « Un bon paillage vaut deux arrosages ». Sauf quelques patchs pour les pollinisateurs sauvages, pas de sol nu ! Encore moins couvert de revêtements minéraux (graviers, rochers, dallages) qui aggravent le phénomène d’ilot de chaleur. Il convient de couvrir le pied des plantations de paillages naturels (feuilles, broyat). En effet, ils retiennent l’humidité et, en se dégradant au fil du temps, nourrissent le sol. En plus, c’est une bonne manière de recycler ses déchets verts, véritables ressources ! Les plantes couvre-sols (campanules, serpolets…) peuvent également être utilisées.
🌿 Favoriser la récupération de l’eau : les gouttières peuvent être déconnectées pour alimenter un jardin en creux, un massif ou une cuve. L’eau de pluie, gratuite et non traitée, est parfaitement adaptée aux besoins du jardin.
🌿 Limiter la tonte : une pelouse tondue à une hauteur de 7 à 10 cm retient mieux l’humidité du sol. Dans les zones peu fréquentées, il est même recommandé de laisser la végétation libre : cela favorise la biodiversité et limite les besoins en eau. On parle de tonte différenciée.
Le végétal, levier d’adaptation… et les professionnels du paysage, premiers acteurs de terrain
Face au dérèglement climatique, végétaliser ne relève pas d’un simple choix esthétique mais bien d’une stratégie d’adaptation. Les espaces verts contribuent à la régulation thermique, à la gestion durable de l’eau et à la préservation de la biodiversité. Ils apportent une réponse concrète, locale et accessible à la multiplication des épisodes climatiques extrêmes.
Les jardiniers paysagistes sont en première ligne de cette transition écologique. En effet, réunis au sein de 35 000 entreprises du paysage, ils sont plus de 132 000 personnes en France, constituant la première force vive de la végétalisation et de la renaturation, présents dans tous les territoires. Leur expertise, leur connaissance des sols et leur capacité à conseiller des aménagements sobres en eau en font des alliés précieux des particuliers comme des collectivités. Leur intervention couvre à la fois le choix de la palette végétale, la préparation du sol, la régulation des arrosages et l’entretien différencié des surfaces. Autant de gestes qui transforment les jardins en véritables îlots de fraîcheur et de biodiversité.
Cette approche est aujourd’hui reconnue : selon le baromètre Unep-Ifop 2025*, 76 % des propriétaires de jardin estiment essentiels les conseils de professionnels du paysage pour entretenir durablement leur espace, un chiffre qui atteint 82 % chez les moins de 35 ans. Le jardin devient un espace d’avenir, et son entretien par les jardiniers paysagistes professionnels, un acte quotidien de transition écologique.
* Les Français et leurs jardins – étude Ifop pour l’Unep menée du 12 au 13 mars 2025