L’intégration des apprentis dans les entreprises du paysage : qu’en est-il en Île-de-France ?
Publié le 3 septembre, 2025 à 14h21 , mis à jour le 29 septembre, 2025 à 14h17
L’Unep Île-de-France, via sa Commission Emploi-Formation (CREF), a récemment mené une enquête pour faire le point sur l’accueil des apprentis dans les entreprises du paysage. L’apprentissage est un vivier essentiel pour former et recruter de futurs professionnels. 93 apprentis paysagistes en formation (du CAP au BTS) ont répondu au questionnaire en ligne, partageant leur expérience d’intégration au sein de leur entreprise. Parallèlement, plusieurs entreprises du paysage ont été sollicitées pour donner leur point de vue sur leurs pratiques d’accompagnement des jeunes. L’objectif était de dresser un bilan objectif des pratiques actuelles, tant du côté des apprentis que des employeurs, afin d’identifier les points forts et les axes d’amélioration pour mieux accueillir ces jeunes en formation.
Des apprentis globalement satisfaits de leur accueil…
Les retours des apprentis sont encourageants. Une large majorité des répondants indiquent avoir bénéficié d’un minimum d’accueil structuré lors de leur arrivée en entreprise : présentation de l’équipe, visite des locaux, explication des règles de fonctionnement, etc. De nombreux apprentis soulignent également avoir reçu les équipements nécessaires (vêtements de travail, EPI) et un accompagnement initial qui les a aidés à prendre leurs marques. Par ailleurs, la plupart d’entre eux se déclarent satisfaits de leur apprentissage de manière générale. Une très grande proportion estime que leur expérience en entreprise est bénéfique pour leur avenir professionnel – elle leur a permis de gagner en compétences, en confiance, et de conforter leur projet pour la suite de leur carrière dans le paysage.
… mais des intégrations parfois inexistantes. En effet, une fraction non négligeable des apprentis (environ 10 % des répondants) indique n’avoir bénéficié d’aucune présentation ni préparation lors de son arrivée. Ces jeunes se sont retrouvés propulsés sur le chantier dès le premier jour, sans explication préalable ni référent dédié pour les guider. « On m’a donné ma première mission directement sur le terrain, sans même m’introduire aux collègues », témoigne ainsi un apprenti. Ce manque d’accueil initial, bien que minoritaire, peut en effet fragiliser l’expérience de l’apprenti, surtout pour de très jeunes entrants dans la vie active, et nuire à la fidélisation des talents dans une profession qui peine déjà à recruter.
Apprentis motivés et en demande d’accompagnement
Interrogés sur leurs attentes et leurs idées d’amélioration, les apprentis se montrent force de proposition. La grande majorité exprime avant tout le besoin d’un suivi régulier et d’un tuteur à l’écoute. Pour eux, un “bon” maître d’apprentissage est celui qui prend le temps d’expliquer les tâches, de transmettre son savoir-faire, et qui reste disponible pour répondre aux questions. Beaucoup insistent sur l’importance d’un climat de confiance : ils souhaitent être encouragés, rassurés en cas de difficulté, et pouvoir monter en compétence progressivement avec le soutien de leur encadrant. Parmi les suggestions d’amélioration qui reviennent fréquemment, on trouve l’idée de mettre en place un parcours d’intégration plus formalisé (avec, par exemple, un livret d’accueil, la présentation claire des missions dès le départ, et un point régulier d’évolution). Les apprentis se disent très motivés et désireux d’apprendre – ils attendent en retour que l’entreprise leur donne les moyens de réussir et de s’épanouir dans leur formation. Ces retours témoignent d’un état d’esprit positif : malgré les difficultés parfois rencontrées, les jeunes sont attachés à leur métier et veulent s’investir, à condition d’être bien encadrés.
Le point de vue des entreprises : entre bonnes pratiques et contraintes
Du côté des entreprises formatrices, le discours confirme en partie ces tendances. De nombreux employeurs ayant répondu à l’enquête déclarent avoir conscience de l’importance d’un bon accueil et d’un accompagnement sérieux de leur apprenti. Dans les structures où l’intégration est réussie, un référent (maître d’apprentissage ou chef d’équipe) est clairement identifié pour suivre le jeune. Ces entreprises soulignent qu’il est essentiel de consacrer du temps en début de contrat pour présenter l’organisation, expliquer les consignes de sécurité, définir des missions claires et intégrer progressivement l’apprenti aux chantiers. Elles s’efforcent également de faire des points réguliers avec le jeune pour suivre sa progression, et de maintenir un dialogue avec le CFA (Centre de Formation d’Apprentis) afin d’ajuster l’accompagnement si nécessaire. Ces bonnes pratiques montrent qu’avec un peu d’anticipation et d’investissement humain, l’arrivée d’un apprenti peut se dérouler dans de très bonnes conditions, au bénéfice de tous.
Cependant, toutes les entreprises n’ont pas mis en place ces démarches. Plusieurs employeurs reconnaissent honnêtement qu’ils manquent de temps pour préparer l’arrivée de l’apprenti comme ils le voudraient. La réalité du terrain – charges de travail, imprévus des chantiers, effectifs réduits – est souvent avancée pour expliquer ces lacunes. Il en résulte que, dans certaines structures, l’apprenti est accueilli de façon informelle et apprend “sur le tas” sans suivi structuré. Par ailleurs, l’enquête révèle que certaines entreprises ont surtout recruté un apprenti pour répondre à un besoin de main-d’œuvre ou attirées par les aides financières à l’apprentissage, sans avoir suffisamment anticipé l’encadrement à mettre en place. Ces employeurs, parfois de bonne foi, admettent ne pas s’être posé toutes les questions en amont. Ils constatent a posteriori qu’un apprenti nécessite du temps, de la pédagogie et de l’organisation – des investissements qu’il n’est pas toujours facile de concilier avec la pression des délais et des coûts.
Partager les enseignements pour améliorer l’accueil des apprentis
Ce bilan constitue une première étape pour l’Unep Île-de-France et son groupe de travail sur l’accueil des apprentis. En mettant en lumière les pratiques vertueuses comme les points de vigilance, ces retours d’expérience offrent une base précieuse pour agir. La prochaine phase consistera à réfléchir, aux côtés des entreprises adhérentes et des centres de formation, à des pistes d’action concrètes pour accompagner au mieux l’intégration des apprentis dans les entreprises du paysage. Qu’il s’agisse d’élaborer en plus de ceux déjà existants tels que le Guide à destination des maîtres d’apprentissage ou de promouvoir les initiatives qui fonctionnent déjà, l’objectif final est clair : favoriser la réussite de chaque apprenti et, à travers elle, assurer la relève générationnelle dans les métiers du paysage.
En attendant ces mesures, l’Unep Île-de-France tient à remercier l’ensemble des participants à l’enquête – apprentis comme employeurs – pour le temps consacré et la sincérité de leurs réponses.
Le support détaillé de l’étude, comprenant l’ensemble des chiffres, des graphiques et des analyses, est ainsi mis à disposition et accessible via le lien ci-dessous.
L’apprentissage est plus que jamais un enjeu stratégique pour la filière du paysage. En travaillant collectivement à améliorer l’accueil et l’accompagnement des apprentis, la profession se donne toutes les chances d’attirer, de former et de fidéliser les talents dont elle a besoin pour fleurir demain.